phoebe aurore

¤ Aurore avait pris sa décision. Elle ne pouvait plus continuer à vivre ainsi, désapprouvant autant un clan mais se refusant à rejoindre l'autre. Elle devait de nouveau prendre clairement position, ne serait-ce que parce qu'il y avait une chance que cela l'aide pour cesser de souffrir. Non, elle n'oublierait jamais Aya, Léo... JB. Mais il lui fallait aller de l'avant, cesser d'avoir toujours l'impression que leur spectre était gravé sous ses paupières. C'était trop inconfortable, même si elle avait quand même réussit à faire en sorte que cela ne lui gâche pas complètement la vie jusque là. Elle avait même mené à bien une mission d'infiltration avec les IGS, et faisait maintenant un stage de quelques mois à la Voix Libre où elle se rendait presque chaque matin depuis l'appartement parisien qu'elle partageait avec une autre jeune femme.

Rapidement, ses pensées s'égarèrent vers ces trois événement. Le premier d'abord, à Arromanche les bains. Il s'y était passé tant de choses ! Sélène avait notamment été formidable, et Aurore était contente de la compter de nouveau parmi ses amies alors qu'elle avait – même si elle ne l'avouerait jamais – eu peur qu'elle changeât complètement suite à son accident. Et l'expérience vécue pour le compte du ministère avait été doublement instructive : elle s'était aussi rendue compte que l'IGS n'était définitivement PAS pour elle. Elle savait parfois s'observer elle même d'un point de vue clinique, et en avait déduit qu'elle était beaucoup trop fragile. Elle ne supporterait pas de toujours mentir, de toujours être à l'affut sans jamais pouvoir se détendre... Et même si elle était loin d'être froussarde, l'idée d'aller délibérément se frotter à des gens dangereux ne l'enthousiasmait pas.
Puis il y avait eu la rentrée scolaire. Enfin, la période de la rentrée, puisque l'ubiquiste avait officiellement fini ses études deux mois auparavant. Et de nouveau, elle avait été frappée par la constatation qu'elle ne reviendrait jamais entre les mur du magnifique château de la Renaissance... Elle était privé de ce qu'elle avait finit par considérer comme son chez-elle, et sa chambre de petite fille qu'elle occupait chez sa mère et son beau père lui semblait comme étouffante. Mais un beau jour d'octobre, alors qu'elle avait transplané sur le chemin blanc pour y faire quelques courses, elle était tombée sur une ancienne camarade de classe. Et elles avaient décidé de prendre un appartement... Coup de chance ou magie, en tous cas quelques semaines plus tard à peine un magnifique studio leur fut proposé, quoique un peu cher. Mais une fois n'est pas coutume, Nathalie surprit sa fille en lui accordant une somme plus qu'appréciable pour l'aider à prendre son indépendance.
Enfin, peu de temps après, le stage rémunéré de six mois au quotidien sorcier le plus vendu en France qu'elle avait décroché devant beaucoup d'autres concurrents, commença. Et depuis, elle devait avouer qu'elle aurait été complètement heureuse s'il n'y avait pas eu les nouvelles horrible sur la guerre civile. Elle aimait l'ambiance du journal, elle aimait les rédacteurs qui ne manquaient jamais de l'aider, elle aimait lorsqu'elle était autorisée à participer à quelque chose. Et elle aimait aussi beaucoup Raphaël Broléand, mais c'était une autre histoire...

A cette pensée, ses joues s'enflammèrent, et elle sortit de ses réflexions. Puisqu'elle avait prit sa décision, pourquoi repousser la mise en place plus longtemps ? Renonçant à réfléchir plus avant, Aurore se leva de la causeuse dans laquelle elle était lovée, et se dirigea vers sa chambre, plus précisément vers son armoire, et après en avoir extrait quelques fringues les jetas sur son lit avant d'investir la salle de bain. Une vingtaine de minutes plus tard, elle était douchée, coiffée, habillée, maquillée. Coiffée, surtout, car elle avait réussi à faire tenir ses cheveux en un élégant chignon. Ne lui restait plus qu'à enfiler les affaires qu'elle avait sorties : un haut, une jupe noire, et une veste d'hiver courte en motifs pieds de poule. Des bottes et une paire de boucles d'oreilles pendantes compléteraient sa tenue. L'ensemble des opérations lui prit moins d'une heure... Avant de sortir, elle vérifia qu'elle avait bien sa clef sur elle, puis claqua la porte direction le ministère.

Elle n'y transplana pas, préférant s'octroyer un temps de réflexion supplémentaire en marchant. Mais le trajet lui parut du coup bien court, compte tenu du fait qu'elle s'était immédiatement plongée dans ses pensées. Elle arriva dans la partie horizontale de l'arc de triomphe en fin de matinée, et se présenta à la sorcière d'accueil. ¤

- Bonjour, je voudrais voir Phoebé Delanuit, s'il vous plait...


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