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 sauvegarde dossier Rimbaud

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Cally
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MessageSujet: sauvegarde dossier Rimbaud   sauvegarde dossier Rimbaud EmptyVen 13 Déc - 11:44

Introduction :

Arthur Rimbaud fut, de son vivant déjà, un personnage très particulier. Son histoire et sa personnalité ont tout autant fasciné que ses poèmes, et de nombreux critiques n'ont pas hésité à parler de lui en tant que « mythe » (René Etiemble, Yves Reboul...) . Il a bien entendu donné lieu à un nombre très important de littérature secondaire, mais a laissé une empreinte encore plus profonde dans l'imaginaire collectif. Lorsqu'on pense « Rimbaud », on pense poète, génie, adolescence, passion, voyant, révolte, absolu, Verlaine, aventurier, symbolisme. On parle d'un poète maudit, de l'homme aux semelles de vent, de l'auteur du Bateau ivre, du Dormeur du val et du Sonnet des voyelles. Ces dénominations et toutes ces caractéristiques ne sont pas à mettre sur le même plan, mais il n'empêche qu'elles sont bel et bien toutes présentes et qu'il faut les avoir en tête lorsque l'on cherche à étudier sa figure.
Je souhaiterais donc interroger le mythe rimbaldien, en me focalisant principalement sur sa réception populaire. De nos jours il exerce une fascination certaine sur un bon nombre d'auteurs, qui recherchent à accéder à son intériorité, spéculent sur ses motivations, envies et sentiments. Je chercherai donc à examiner la vision actuelle que les artistes ont de ce poète et qu'ils véhiculent à leur tour, ainsi que la nature des symboles que cette figure rimbaldienne dégage.
Chapitre 1 : Biographies.

Rimbaud a eu une vie que l'on pourrait qualifier de mouvementée, et qu'il est très intéressante de connaître car certains éléments peuvent être pertinents pour la compréhension de son œuvre. Je ne retracerai ici que les grands traits de son existence, évènements transformés en anecdotes signifiantes par la postérité, et sans entrer dans tous les détails qui ont été abondamment discutés et extrapolés par divers biographes.

Jean-Nicolas Arthur Rimbaud nait le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières (Ardennes). Il a un grand frère, Frédéric, et aura deux petites sœurs, Vitalie (1858-1875) et Isabelle (1860-1917). Dès son entrée à l'école il se montre être un élève plus que brillant et compose déjà de nombreux vers en latin, dont trois poèmes qui seront publiés alors qu'il a à peine quinze ans. On rapporte qu'il s'amuse à écrire ses poésies « à la manière de » et qu'il écrit finalement « beaucoup mieux que ». Apparemment, il avait commencé à écrire dès l'âge de dix ans, ce qui participe à donner de lui cette image d'enfant surdoué et de génie incompris.
En 1870, il commence à écrire des poèmes en vers français, et quels poèmes ! Ophélie, Le Châtiment de Tartuffe, Le Bal des pendus, Le Dormeur du val... Des poèmes à plusieurs niveaux de sens qui ont largement de quoi impressionner ses aînés, y compris ceux qu'il admire et imite lui-même. Mais là est la réponse : Rimbaud ne se contente jamais d'imiter, il se réapproprie, réinvente, dépasse. Pendant ce temps, il multiplie les fugues et déplacements à Paris. Il semble n'exprimer aucun intérêt pour tout travail autre que celui de l'écriture, et voudrait soutenir la Commune.
Il suffit à Paul Verlaine de lire un petit échantillon de ses poèmes que le jeune homme de dix-sept ans lui adresse en 1871 pour s'enthousiasmer à son propos et l'inviter immédiatement à venir le rejoindre à Paris. C'est le début d'une histoire qui ne cessera pas de déchainer les imaginations, l'histoire de la passion entre Rimbaud et Verlaine. Verlaine a vingt-sept ans, est marié et supposé heureux ; Rimbaud est un garçon insolent, un adolescent rebelle qui refuse de se plier aux règles de la société et s'ingénie à mettre sans-dessus-dessous la vie de son protecteur. Il se conduit mal chez ses beaux-parents, en la compagnie d'auteurs reconnus... Il se met en scène comme délibérément excentrique voire violent. Il semblerait que quelque part cette liberté brutalement saisie, cette jeunesse indomptable, soit ce qui attira Verlaine. Ils commencent à vivre ensemble, à Paris d'abord, puis à Bruxelles, Londres... Leurs lettres ainsi que de nombreux témoignages indiquent que cette relation n'est pas de tout repos. Ils s'aiment puis se quittent, Verlaine rejoint sa femme pour l'abandonner de nouveau, Rimbaud fait de fréquents allers et retours à Charleville au rythme de leurs disputes... Bien entendu la presque totalité des témoignages de cette époques sont d'une partialité indiscutable, et il est impossible de reconstituer avec exactitude les faits mais les écrivains et cinéastes aiment à spéculer sans fin sur les torts et les sentiments de chacun. Ce qui est sur en tous cas c'est que leur relation prend fin le 10 juillet 1873, après que Verlaine ait blessé Rimbaud au poignet d'un coup de révolver. Leur romance fut assurément destructrice, mais elle fut également immensément créatrice, pour l'un comme pour l'autre. Après cette rupture, Rimbaud retourne à la ferme familiale pour rédiger Une saison en enfer. C'est le seul recueil qu'il publiera de sa propre initiative : édité à compte d'auteur, il est publié à Bruxelles en octobre 1873.
L'année suivante, il retourne en Angleterre pour quelques mois avec un autre poète avec lequel il entretient une relation ambiguë : Germain Nouveau. C'est à ce moment là que Les Illuminations sont au moins en grande partie transcrites, recopiées de la main de Rimbaud ou de Nouveau. Toutefois il est impossible de déterminer précisément la date de composition de ces poèmes ; on sait juste qu'ils ont été écrits entre 1872 et 1875. Cette chronologie, et plus précisément la question de l'antériorité d'un recueil ou de la simultanéité des projets, fait encore couler beaucoup d'encre.
En 1875 et 1876, Rimbaud voyage en Allemagne, où il reverra brièvement Verlaine, puis en Italie et en Autriche. Il a définitivement cessé d'écrire. Par la suite, il s'engage dans l'armée coloniale des indes néerlandaises, mais déserte trois mois plus tard. Jusqu'en 1880, entre deux retours dans les Ardennes, il enchainera les voyages : Allemagne, Suède, Danemark, Italie, Egypte, Chypre, jusqu'à ce qu'il se fixe à Aden, au Yemen. Il y est employé par une compagnie d'import-export, et son travail requiert des allers-et-retours à Harar, en Abyssinie (Ethiopie de nos jours). Rimbaud est donc dans le commerce, puis devient négociant d'armes en Afrique en 1885, entreprise qui lui apportera plus de mésaventures que de succès. Ici encore, la chronologie est difficile car les entreprises et expéditions se succèdent, les compagnies sont rachetées et revendues, et bien entendu tout n'est pas toujours légal. Néanmoins ses lettres nous indique qu'il travaille dans le négoce à Harar jusqu'en 1891, année de sa mort. Une blessure au genou l'handicape peu à peu, jusqu'à ce qu'il décide de se faire rapatrier en France. Après plusieurs séjours à l'hôpital et un bref retour en Ardennes, il veut retourner en Afrique mais meurt le 10 novembre à Marseille, alors âgé de trente-sept ans.

Malgré mes précautions, cette courte biographie est une fois encore révélatrice d'un grand paradoxe : il faut autant de mots pour décrire trois années de la vie d'Arthur Rimbaud que pour raconter les trente-quatre autres, pourtant tout aussi riches en évènements. D'un autre côté, il peut être considéré comme normal que les années d'écriture d'un poète soient plus développées par rapport à celles où il n'est qu'un enfant, ou celles où il se veut tour à tour professeur, photographe, géographe, explorateur, marchand... Ces années-là sont plus difficile à retracer : les écrits de sa main ne sont pas nombreux, et pauvres en détails. Toutefois, Jean-Baptiste Baronian réussi à trouver un bon équilibre, quantitativement parlant. Cela vient du fait qu'il a choisi de s'attacher à l'individu et non au poète. Il veut souligner son humanité pour le rendre plus proche de ses lecteurs, et raconter sa vie comme il écrirait un roman. Cette entreprise nécessite bien sur de compléter les documents existants par des conjectures, voire même d'adopter un point de vue interne pour narrer les pensées de Rimbaud, relater les peurs, souhaits, espoirs et déceptions que tous les êtres humains ressentent forcément. Transmettre des sentiments requiert un écrivain, non un historien ou un professeur de littérature. Cela explique que l'on ne trouve pas d'informations sur les publications de ses œuvres ni sur l'image que Paris a de lui après lorsque ses poèmes commencent à être diffusés ; Rimbaud a quitté cette vie, Jean-Baptiste Baronian accompagne l'homme pour conter son existence, et laisse de côté le reste. C'est une prise de position assumée, et ce n'est pas le choix de tout le monde : Jean-Lus Steinmez et Pierre Brunel, pour ne citer qu'eux, ont pris des décisions différentes. Brunel se met en scène lui même pour s'exprimer sur Rimbaud, tandis que Steinmez se veut résolument objectif, en décrivant sans ambages les problèmes posés au biographe : zones d'ombre, témoignages contraires... Il est cependant à noter que ces livres ne sont pas tous destinés au même public, et que Rimbaud par Jean-Baptiste Baronian a eu une réception assurément plus populaire et reste plus facilement trouvable en librairie, tandis que pour consulter les deux autres mieux vaut chercher dans une bibliothèque universitaire. C'est déjà un symptôme de la fascination des gens pour l'Homme, avec sa personnalité et son intériorité, avant l'artiste avec son œuvre.
Penchons-nous maintenant sur quelques anecdotes devenues signifiantes de la vie d'Arthur Rimbaud. La plus évidente est bien entendu « Verlaine ». Il est rarement nécessaire d'en dire beaucoup plus d'ailleurs, la plupart du temps une simple mention de « RimbaudVerlaine » veut tout dire : l'arrivée de Rimbaud à Paris, l'inspiration mutuelle, la vie commune, la relation mouvementée, la violence, l'alcool, la poésie, et bien sur le coup de feu : la prison pour Verlaine, la fin de l'écriture pour Rimbaud. Leur liaison déchaîne les passions, même encore aujourd'hui. On prend parti pour l'un ou pour l'autre, sans avoir forcément une connaissance précise des faits. Mais les histoires d'amour parlent toujours à tout le monde, et il n'en faut pas plus pour que les imaginations se débrident. L'exemple le plus parlant à ce sujet est sans nul doute le film d'Agniezka Holland, Total Eclipse. Le scénario se focalise délibérément sur la relation entre les deux poètes, mentionnant à peine leur vie d'avant, et résumant la fin de la vie de Rimbaud en une poignée de plans. Le tout est bien entendu romancé, et emprunt de symbolisme plus ou moins discret et pertinent. Mais cela reste très représentatif de la vision populaire de ces poètes dans les années 90, et qui est véhiculée encore aujourd'hui. Ce film lui-même continue à propager cette perception de Rimbaud car si à l'époque l'acteur débutait, cela fait maintenant des années que Leonardo DiCaprio est reconnu et ses films, même passés, sont constamment visionnés. De plus Rimbaud n'ayant pas vraiment eu d'autres biopics, Total Eclipse est le seul vecteur cinématographique de son mythe, ce qui explique en partie qu'actuellement Rimbaud soit intimement lié à Verlaine dans l'imaginaire populaire.
Mais si l'épisode Verlaine a été abondamment traité, profusion d'autres sont laissés pour compte. Ainsi l'enfance Rimbaud à Charleville, son rejet puis intérêt pour le latin, ses lectures et écrits précoces, sa relation avec Georges Izambard, sa présence au cercle Zutique, son amitié avec Germain Nouveau (qu'il influence beaucoup), les années de voyage en Europe centrale et du Nord, ses emplois de professeur... Autant d'évènements qui auraient pu tout aussi bien retenir l'attention mais qui, pour une quelconque raison, restent sous-exploités. De la même manière, la décennie passée à arpenter Afrique a été généralement négligée : on faisait souvent s'arrêter l'histoire de Rimbaud en même temps que sa poésie. Mais dernièrement cette époque de son existence commence à être mythifiée, romancée. On en fait tour à tour une quête de l'aventure et une tentative de divertissement (pascalien) de la part d'un poète qui ne peut plus, ne veut plus écrire. Seulement cela reste la plupart du temps complémentaire voire subordonné à sa « vie d'avant ». C'est là que Jean Teulé a apporté un grand changement. Dans son roman Rainbow pour Rimbaud, la vie de Robert débute en même temps que son voyage vers le Sud, en Afrique, sur les traces de son héros : Rimbaud. Il est si obsédé par le poète qu'il ne se contente pas de connaître l'intégralité de son œuvre par cœur, il cherche à revivre sa vie. Certains passages de ses jeunes années son mentionnés brièvement, mais la trame principale se situe bel et bien dans les errances de la fin de sa vie. Robert n'ira pas jusqu'à faire du trafic d'armes, mais il se blessera intentionnellement au genou, pour boiter comme Rimbaud, et mourra (mais indirectement) à cause de cette blessure, au même âge et cent ans exactement après le décès de son idole.
Jean Teulé, tout comme Jean-Baptiste Baronian et Agniezka Holland, laissent délibérément de côté les problèmes posés par la chronologie de la composition des recueils de Rimbaud. Pourtant, c'est un sujet qui doit beaucoup à la manière dont la figure de cet artiste est envisagée, et ces trois auteurs en sont, malgré eux, tributaires. Je vais tenter d'en résumer succinctement les enjeux ici. Il est établi qu'Arthur Rimbaud a rédigé Une saison en enfer en 1873, et que c'est le seul recueil qu'il ait voulu faire publier. Puisque dans ce même recueil il exprime ne plus vouloir écrire, ne pas pouvoir aller plus loin que ce qu'il vient de faire, l'impossibilité d'inventer une langue totale, la légende veut qu'il n'écrivit en effet plus une ligne par la suite. Certains ont même interprété Une saison comme une palinodie, interprétation propulsée par Isabelle, la sœur du poète qui souhaitait supprimer une grande partie de l'oeuvre de son frère, qu'elle trouvait immorale. Mais depuis, des chercheurs ont prouvé que Les Illuminations furent le dernier projet de Rimbaud, ce qui nuit considérablement au mythe du jeune idéaliste épris d'absolu. D'autres exposent la thèse que les deux projets, Une saison en enfer et Les Illuminations, étaient au moins en partie contemporains. Mais les témoignages de Verlaine sont parfois contradictoires à ce propos, et aucun brouillon ou premier jet des Illuminations n'a été retrouvé, seulement des transcriptions qui ont pu être tardives aussi bien que presque immédiates. Actuellement, la critique semble plus ou moins s'accorder pour dater Les Illuminations postérieurement à Une saison, mais cette incertitude ne semble pas destinée à être jamais levée. Cela détruit donc une partie du mythe, tout en y rajoutant une aura de mystère supplémentaire.






Chapitre 2 : Esthétismes.

L'écriture et l'esthétique de Rimbaud ont beaucoup évolué au fil du temps. Pour en parler, de nombreux universitaires, structuralistes notamment, seraient bien mieux placés, mais je ferai de mon mieux pour relayer leurs déductions. A l'âge de quatorze ans déjà, Rimbaud est capable de composer des vers latins absolument parfaits, en s'inspirant d'Horace. Puis il s'inspirera de Jean Reboul, Sully Prudhomme, François Coppé. Il sera beaucoup influencé par François Villon, Victor Hugo, Théodore de Banville. Mais le tout « sur un ton si personnel qu'il exclut toute imitation ». Le jeune Arthur a toujours été un enfant précoce, mais dès ses quinze ans il est considéré par beaucoup comme un génie. Comme si composer des vers se faisait pour lui sans le moindre effort. Mais c'est une vue de l'esprit. Ses poèmes lui demandent sans doute beaucoup de travail, et il n'y est bon que parce qu'il a abondamment lu et étudié ses prédécesseurs. De plus, sa poésie se veut objective et maîtrisée,
En 1871, Rimbaud a dix-sept ans et compose les cent vers du Bateau ivre, qui représente pour beaucoup de ses lecteurs l'apogée de son œuvre versifiée.


Murphy : « prise en compte de la société contemporaine sous toutes ses formes » ; refus de l'art pour l'art ; volonté d'une poésie de l'action ?

génie / maîtrise
Tartuffe : superposition des sens comme des couches de vêtements
lettre du voyant – je est un autre
vers
vers libres
volonté d'absolu






2B
Mais au delà de ces considérations esthétiques, il est utile de s'interroger sur la valeur évolutive à travers le temps de l'oeuvre de Rimbaud. Alors qu'il n'est encore qu'un enfant de Charleville, les avis sont partagés : Banville ne répond pas à sa lettre, mais La revue pour tous publie Les Etrennes des orphelins. Ensuite, Verlaine accueille l'adolescent à bras ouvert et le présente à divers cercles parisiens : les zutistes, les vilains bonshommes... Au départ, tous semblent reconnaître des qualités indéniables à ses écrits, mais cela ne dure pas par « le personnage, pour ce premier public, est inséparable de l'oeuvre, et c'est lui que l'on juge autant que ses vers ». Et s'il y a bien un point concernant Arthur Rimbaud où tous les témoignages concordent, c'est qu'il était un jeune homme insolent, un adolescent délibérément rebelle et provocateur. On retiendra notamment le jour de 1872 où, après avoir interrompu une récitation au cours d'un diner, il blesse Etienne Carjat avec une canne-épée. C'est une anecdote significative, mais il en existe bien d'autres et Rimbaud n'est donc pas regretté quand il quitte Paris. Il manquera seulement à Verlaine, qui considère que son ancien compagnon est un grand poète incompris, et il l'inclura par conséquent dans son ouvrage Les Poètes maudits, en 1884 aux côtés de Tristan Corbière et Stephane Mallarmé. Pas encore mort, et pourtant déjà enterré dans les mémoires.
Rimbaud aura pourtant une certaine postérité littéraire, via son influence sur Paul Verlaine et Germain nouveau déjà, mais surtout grâce aux symbolistes et aux impressionnistes qui s'inspirent de son travail. Pour cela, ils ré-interprètent certains de ses poèmes, et lui empruntent le vers libre tel qu'il l'invente dans des poèmes comme Mouvement et Marine. Toutefois, Rimbaud n'aura de légitimité littéraire qu'à partir des années 1950, sa réhabilitation ayant lentement commencé dix ans plus tôt grâce à quelques critiques marginaux. Petit à petit, au cours de la seconde moitié du XXème siècle, il gagne son statut de poète digne d'être étudié. Mais ce n'est que depuis le centenaire de sa mort, en 1991, qu'il peut être considéré comme populaire. Cette année-là signe le début d'un engouement réel pour cette figure. La littérature secondaire à son sujet fleurit ; la critique l'encense. C'est aussi à cette occasion qu'est publié Rainbow pour Rimbaud. La formule « Je est un autre » est sur toutes les lèvres (Lacan l'a d'ailleurs commentée quelques années plus tôt), mais dans ce roman, précisément, « Je » est Rimbaud. Par exemple, Robert veut le venger de Verlaine, et en même temps cherche à usurper son identité en prétendant avoir écrit ses poèmes. Mais au-delà de toutes les références biographiques, Jean Teulé incorpore également à son roman beaucoup de symboles : l'aubépine, le prénom Isabelle qui signera la fin de Rimbaud... Lorsqu'en 1995 Total Eclipse sort au cinéma, on remarque que la réalisatrice a, à son tour, intimement mêlé son film avec le symbolisme. Les symboles sont partout, étroitement mêlés à la figure de l'écrivain, peut être même plus qu'il n'était nécessaire pour montrer son affiliation posthume à ce mouvement.
Enfin depuis ces cinq dernières années, il semblerait que la critique veuille retrouver une certaine forme d'objectivité, en même temps que se développe un désir d'exhaustivité. Il faut tout traiter, ne rien oublier, ne rien laisser de côté, et manipuler avec précautions les déclarations précédentes. On propose même de traiter la correspondance – y compris très tardive, depuis l'Abyssinie – comme étant une partie intégrale de l'oeuvre littéraire. Du côté de la réception populaire, la jeunesse insolente de Rimbaud, son idéal poétique et sa vie d'aventurier en Afrique continuent à fasciner, véhiculés par des artistes comme Jean Teulé, Agniezka Holland et Jean-Baptiste Baronian, les deux écrivains étant encore très présents sur la « scène littéraire » française.


III valeurs véhiculées par sa figure ajd (jeunesse/poésie/voyage)
nature des symboles que cette figure rimbaldienne dégage de nos jours.

Conclusion :

« le génie est la quintessence d'un territoire » mais le propre de Rimbaud c'est de ne pas avoir eu de territoire. Charleville-Mézières ? Paris ? Il n'y est finalement jamais vraiment resté bien longtemps. Harar ? Aden ? Il voyageait. Européen ? Citoyen mondial avant l'heure ?
Rimbaud défie la notion d'imagologie. Et pourtant, il reste très français.
[...]
Je ne peux qu'espérer voir encore beaucoup de références et hommages à ce très grand poète dans le futur.
Bibliographie :

Baronian, Jean-Baptiste, Rimbaud, ed. Gallimard, coll. « folio biographies », Paris, 2009.
Brunel, Pierre, Ce sans-coeur de Rimbaud, ed. Lagrasse : Verdier, coll. « Verdier poche », 2009.
Etiemble, René, Mythe de Rimbaud, Gallimard, Paris, 1954
Gleize, Jean-Marie, Arthur Rimbaud, ed. Hachette-livre, coll. « portraits littéraires », Paris, 1993.
Murphy, Steve, Stratégies de Rimbaud, ed. Champion, coll. « Champion Classiques », Paris, 2004.
Reboul, Yves, Rimbaud dans son temps, Yves Reboul, ed. Classiques Garnier, Paris, 2009.
Steinmez, Jean-Luc, Arthur Rimbaud, ed. Tallandier, Paris, 1991.
Teulé, Jean, Rainbow pour Rimbaud, ed. Julliard, Paris, 1991.


Holland, Agnieszka, Total Eclipse, New Line Film Productions Inc., 1995.

Rannou, Pascal, « Deux biographies de Rimbaud », Acta fabula, vol. 11, n° 1, Notes de lecture, Janvier 2010, URL : http://www.fabula.org/revue/document5434.php, page consultée le 12 décembre 2013.
Venayre, Sylvain, « L'Avènement de l'aventure. Les Figures de l'aventure lointaine dans la France des années 1850-1940, Thèse pour le doctorat en histoire », Revue d'histoire du XIXe siècle, 24 | 2002, 256-263.
« En revanche, on ne s'étonne pas que la figure de Rimbaud ait pu servir d'intercesseur, mal gré qu'en eût celui-ci, mort en 1891. Dans les années 1890-1940, Rimbaud apparut en effet comme tout à la fois l'initiateur de la poésie moderne --celle qui entendait faire un pas en direction de ce qui échappe au monde sensible, en dévoilant le sens caché du monde-- et comme celui qui avait renoncé à cette poésie nouvelle pour la satisfaction de son désir d'aventures. Il était celui qui, plus que tout autre parce qu'il était Rimbaud le poète "voyant", avait su les immenses possibilités que renfermait la quête de l'Aventure. Autour de la figure de Rimbaud se constitua ainsi un discours qui explora avec plus de précision peut-être qu'aucun autre les valeurs sacrées de "l'Aventure" nouvelle ; et ce n'est peut-être pas seulement un hasard si, dans mon corpus de sources, la première mention de "l'Aventure", avec un grand A, soit venue en 1898 sous la plume d'un poète, Georges Rodenbach, à propos de Rimbaud. »
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