Luce - Sardaigne

Vingt-cinq aout 2009, 10h27. Seule dans
sa chambre de leur grand appartement romain, Luce se préparait.
Enfin, c'était ce qu'elle était censée faire.
Pour l'heure, devant son grand miroir au cadre doré, elle
contemplait son corps nu, encore vierge de tout contact charnel. Son
visage n'exprimait rien de précis. Encore une fois, toute sa
souffrance était rentrée. Oui, elle incarnait depuis
longtemps l'adage trop souvent oublié disant qu'un joli
sourire cachait plus de choses qu'une malle à sept serrures...
Mais c'était ainsi.


De longues minutes durant, la jeune
femme se scruta de cette manière. Puis, brusquement, sans que
quiconque ayant vu la scène ait pu le prédire, elle se
détourna. Ses cheveux bruns voletèrent avec plus de
légèreté, presque au ralenti par rapport à
elle, mais elle s'en soucia pas. Une larme perla au coin de son oeil
alors qu'elle se penchait pour ouvrir le tiroir d'une simple commode
en pin. D'un geste vif, elle se saisit de sous-vêtements,
qu'elle enfila prestement. Puis elle s'arrêta un instant pour
contempler le plafond en cillant rapidement des paupières,
tachant de refouler les larmes qu'elle sentait monter en elle, de
plus en plus nombreuses. Quand son regard croisa de nouveau celui de
son double dans la glace maléfique, ses yeux étaient
parfaitement secs. Elle ne pouvait pas se permettre de pleurer. Pas
maintenant, pas vu l'heure qu'il était.


10h33. Bon, elle était encore
dans les temps, mais elle ferait tout pour être plus en avance
qu'en retard. Ce jour était important, pour elle comme pour
pal mal d'autres personnes, finalement. Il était donc
primordial qu'elle soit ponctuelle. Mais de toutes les manières,
Luce était à l'heure en toutes circonstances. C'est ce
qu'on attend d'une fille parfaite, n'est-il pas ?

Elle se dirigea vers son armoire, de
laquelle elle sortit sans hésitation un robe. Elle avait passé
pas mal de temps la veille à réfléchir à
sa tenue. Ne lui restait plus qu'à la revêtir. Il
s'agissait d'une robe blanche plissée, inspirée des
anciennes tuniques romaines. Le tissus, léger et fluide, était
très agréable à porter, et la jeune femme se
doutait qu'il le serait sans doute encore plus sous le soleil
éclatant de la Sardaigne.


Un rapide coup d'oeil au miroir, puis
elle replongea dans sa penderie pour y prendre une ceinture en cuir
qu'elle boucla autour de sa taille. Beaucoup mieux. La robe lui
arrivait maintenant un peu au dessus du genou, et cela cassait
l'effet « toge » pour un rendu plus actuel.
Puis vint le moment de choisir les chaussures. Des spartiates ? Non,
il ne valait mieux pas abuser dans le côté Italien. Mais
des sandales à talons feraient tout à fait l'affaire...
De toutes les manière la plupart des Di Lucciano étaient
bien plus grands qu'elle alors quelques centimètres de plus ne
changeraient pas grand chose, si ce n'est que les talons mettaient en
valeur ses jambes. Que du bonus, donc...

10h46. L'ancienne classique cessa de
s'agiter pendant quelques instants, pour mieux réfléchir.
Elle alla alors chercher le sac cabas d'un cuir marron similaire à
celui de sa ceinture qu'elle avait prévu de porter et l'emplit
en quelques minutes d'affaires dont elle ou Dafne pourraient avoir
besoin durant cette journée. Oui, elle était
prévoyante, c'était une autre de ses nombreuses
qualités.... Après tout, une fille parfaite se devait
de l'être, n'est-il pas ?